Alors que l'activité repart, le secteur aérien qui fait face à plusieurs difficultés : remise en route d'équipements qui avaient été mis en sommeil, recrutements... Ce retour au affaires ne prend toujours pas en compte les marchés asiatiques toujours soumis à de fortes contraintes sanitaires...
Il semble bien que les effets négatifs du désastreux épisode COVID soit maintenant derrière nous. Le trafic est largement reparti, les réservations pour la période été n’ont jamais été aussi nombreuses, les avions sont pleins et les compagnies aériennes commencent à regagner de l’argent. Il est d’ailleurs impératif que les transporteurs, mais également tous les acteurs de ce secteur d’activité retrouvent une forte rentabilité car il faudra bien, non seulement rembourser les aides que les gouvernements ont octroyées sous forme de prêts, mais également se préparer à des investissements massifs pour faire face au défi écologique. Soyons optimistes, les indicateurs vont pour le moment dans le bon sens. Mais du coup, le transport aérien doit faire face à plusieurs difficultés certes conjoncturelles, mais néanmoins bien réelles. Se remettre en ordre de marche La remise en route des installations est essentielle. Pendant la période d’arrêt les décisionnaires du secteur ont été dans l’obligation de fermer nombre d’installations, en particulier celles qui traitaient les flux de passagers. Je veux parler non seulement des infrastructures aéroportuaires, mais également de tous les services que l’on ne voit pas en temps normal, mais qui sont cependant indispensables à la bonne marche de l’activité. Seulement on ne remet pas en opération une telle complexité simplement en claquant des doigts. Les grands aéroports ont tous été dans l’obligation de fermer des terminaux et de concentrer leur activité si diminuée dans un seul endroit. Certains en ont profité pour lancer de grandes opérations de réhabilitation comme par exemple ce que fait Aéroports de Paris dans son Terminal 1. Mais alors la remise en service ne peut se faire que lorsque les travaux sont terminés. L’autre sujet de préoccupation est de retrouver le personnel qui a été amené de gré ou de force à quitter son travail, puisqu’il n’y avait plus d’activité. C’est le cas d’agents très qualifiés tout comme ce ceux qui fournissent des services basiques. Je pense en particulier à ceux qui garnissent les fameux PIFs (Postes d’Inspection Filtrage). Ils sont indispensable à la fluidité à l’intérieur des aérogares. Seulement ce n’est pas si simple de retrouver des agents qui, non seulement doivent être formés, mais qui doivent également être validés par les autorités de sûreté. Pour le moment c’est un des énormes casse-têtes auquel les responsables aéroportuaires sont confrontés. La pénurie de main d'oeuvre A l’autre bout de la chaine, je veux parler des constructeurs et de la chaine logistique qui leur est rattachée, les opérateurs font face à un manque criant de compétences. Beaucoup de ceux qui ont dû quitter leur emploi et qui étaient très qualifiés ont retrouvé une activité dans d’autres secteurs et ils ne veulent pas revenir dans la construction aéronautique. Seulement les commandes ont recommencé à pleuvoir et les fabricants d’avion sont amenés à accélérer la production des chaines de montage, sauf qu’il manque nombre de postes pour les faire fonctionner à plein. C’est ainsi que l’on a pu voir pour la première fois une campagne de publicité d’Airbus sur les taxis parisiens pour lancer un appel à candidatures. Et puis on se rend compte que certains postes sont difficiles à garnir car ils ne sont pas assez rémunérés. C’est ce qui arrive dans le domaine de la distribution autrement dit, des agents de voyages. Certes le métier est ludique, mais pour attirer les compétences il faudra bien que celles-ci soient convenablement payées. Quid des marchés asiatiques ? Bref tout se met en ordre pour que les coûts du transport aérien s’envolent en dépit de la considérable rationalisation que les compagnies aériennes ont réalisée en profitant de la pandémie pour s’alléger des sureffectifs qu’elles avaient accumulées au fil du temps. L’amélioration de la rentabilité passera certainement par un renchérissement des tarifs. Je note d’ailleurs que la jeune génération est prête à payer plus cher un transport aérien plus écologique. C’est ce qui ressort d’une récente étude menée par l’équipe de Paul Chiambaretto dans sa chaire Pégase à Montpellier. Et pourtant, cette rapide remise en route du système ne prend toujours pas en compte les marchés asiatiques toujours soumis à de fortes contraintes sanitaires. Que va-t-il se passer lorsque les frontières de la Chine, de la Corée, et de l’Asie du Sud Est seront complètement ouvertes y compris pour les nationaux de ces pays ? Comment va-t-on absorber ce surplus de clientèle dont on peut imaginer l’impatience à se déplacer ? Le transport aérien est face à un nouveau challenge, l’absorption d’une forte croissance d’activité dans un temps très réduit. Il va devoir faire la preuve de sa capacité à s’adapter.
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Jean-Louis BarouxJean-Louis Baroux est le fondateur du premier réseau mondial de représentations de compagnies aériennes, présent dans 170 pays. Il est également le créateur et l’animateur de l'APG World Connect. Archives
Juin 2022
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